Rando Douce, en direction de Chatillon le Désert

Il était une fois…

Il était une fois dans les Hautes Alpes, 3 vieilles…

3 vieilles qui avaient gardé leur âme d’enfant. Comme elles savaient ( elles savent…les vieilles) que le jour appartient à ceux qui se lèvent tôt, elles se sont retrouvées à 8h30 sur un parking ayant le nom de « sénateur », avec l’insouciance de l’enfance et l’audace de la vieillesse. Faisant fi du ciel bas, de la fine pluie et des 10cm de neige tombés la nuit même sur la ville. C’est des étoiles dans les yeux, du rêve à revendre qu’elles ont pris la direction du col des Guérins- 1315m.

Vous savez, vous, ce qu’elles ont trouvé au col? -un chalet.  – la forêt.  -une fontaine.  Oui, bien sûr tout cela, mais souvenez-vous, quel temps faisait-il sur la ville?   – LA NEIGE-   Oui, un épais tapis de neige blanche, hélas…déjà souillé par une trace de voiture et des traces de pas! Cela n’entame pas leur joie de vivre, elles enfilent 1.2….5 épaisseurs de vêtement (c’est fragile… les vieilles), leurs chaussures et pour la plus précautionneuse (elles ont l’expérience… les vieilles) des guêtres.

Sac au dos, les voilà parties, examinant les traces, espérant encore…(c’est tenace… les vieilles).

Hélas une trace passe la barrière et emprunte le chemin…elles ne seront pas les premières. Oooh, la trace piétine…fait demi-tour. Vous imaginez leur bonheur. Les voilà devenues « pionnières »,  « aventurières ».

Elles sont là, devant un long ruban blanc, vierge de tout passage. Elles sont REINES et admirent ce spectacle féerique. Si vous étiez là, comme des lutins cachés dans la forêt, vous verriez du ravissement dans leurs yeux. (c’est comme ça…les vieilles)

Comblées, elles s’engagent sur ce long ruban blanc immaculé. Seules, elles écoutent le crissement de leurs pas sur la neige, le bruissement des torrents, le souffle du vent malin faisant tomber la neige des arbres. Elles regardent cette beauté offerte. Elles se frayent un chemin dans une neige sèche ne collant pas aux chaussures. La pente est douce, parfois ponctuée de traces d’animaux… chevreuils, chamois, lièvres, elles ne savent…( elles ne peuvent pas tout savoir… les vieilles), mais c’est certain, je vous les dis….chuuuut, ce n’était ni le loup, ni l’éléphant !

Le ciel est toujours bas, un pâle soleil pointe de temps à autre, leur offrant une palette de couleur allant du gris au doré. Merveille. Le bonheur est à portée de main… ainsi qu’une vieille cabane cachée dans les arbres, une cabane de sorcière peut-être? mais non, juste une cabane leur offrant son banc, le temps d’une boisson chaude.

Un fondeur passe, leur demandant de ne pas piétiner ses traces pour faciliter son retour.

Réchauffées, elles repartent. Le chemin n’est plus vierge…mais que c’est beau une trace de ski dans la neige. Le soleil semble gagner son duel avec le ciel bas… la palette des couleurs se pare de plus en plus de bleu, de doré et de paillettes d »argent. Surprise… le chant d’un oiseau. C’est ainsi qu »elles arrivent à une fontaine emmitouflée dans son manteau de neige.

Il est midi, elles ont faim, les vieilles. Pas de cabane ni de banc, mais un muret leur tend les bras. Pour le remercier, elles le déneigent ( elles sont comme ça… les vieilles) et s’assoient au soleil. Vin de noix, pique-nique, biscuits et chocolat partagés font leur bonheur.

Une grosse voiture que les gens de la ville appellent 4/4 passe et emprunte leur sentier. Merci le 4/4 de nous aplatir une sente dans la neige, notre retour sera facilité. (fatigueraient-elles…les vieilles?).

Leur retour se fait tranquillement avec parfois un coup de blizzard créant une poudrerie telle une myriade d’étoiles. Elles ont le sentiment d’avoir assouvi leur besoin de marcher, de respirer et peut-être celui d’avoir voyagé un peu, pas si loin de chez elles!

Il était une fois 3 vieilles.

Texte Chantal H.

Photos Corinne L.