Le Vieux Chaillol avec Alpes Regards05

   C’était une rando à choix multiples
1 : Chaillol station/ la cabane des Parisiens A/R.
2  : Chaillol station / le Vieux Chaillo A/R.
3  : Chaillol station/ le Vieux Chaillol avec bivouac.
et deux comptes rendus de  Chantal H. puis de Danièle M.
Bonne lectures

Chantal H.

 Nous étions quatre et toutes les options ont trouvé preneurs. Christian et son ami Serge nous accompagnent, Christiane et moi, jusqu’au départ du col de la Pisse. Il est 6h du matin, il fait frais. Les deux gars montent à leur rythme de chamois, pendant que Christiane et moi, prenons un rythme de croisière qui nous permet d’arriver en un temps « honorable » à la cabane des Parisiens, sans être essoufflées. Nous avons été doublées par de la jeunesse, qu’importe. Je ne vous cacherais pas que nous n’avons doublé personne…Nous avons été admiratives devant le travail de la bergère et de son chien avec les moutons. Une belle intelligence collective.
 À la cabane des Parisiens, les membres de l’association du Canal de Malcros embellissent la cabane en lui ajoutant un haut-vent démontable, pendant que d’autres travaillent plus en amont sur la réfection du canal. Nous, nous attendons ceux qui redescendent du vieux Chaillol.
Christian, Serge ont retrouvé les randonneurs euses  de l’association « Alpes Regards » (dont Danièle M. et Françoise H. de Sentiers05) à la cabane des Parisiens qui arrivaient du refuge du Tourrond et c’est ensemble qu’ils ont fait le sommet…3168m. Quelle leçon de vie. Monter c’est une chose, descendre c’est autre chose.
Pique-nique tous ensemble, puis Christiane et Serge redescendent. Peu après Christian me dit: « on fait quoi? » et de répondre: « on y va ». Nous disons au revoir et c’est parti.
  À mon rythme Christian remonte au vieux Chaillol, en prenant des semblants de sentiers, en faisant des lacets dans la caillasse. Je le suis les yeux fermés…non, mais en toute confiance. C’est lui qui donne le tempo, rythme, pause et nous continuons toujours et encore dans la caillasse. Nous sommes doublés, croisés par de la jeunesse qui monte, qui descend…dont une me dit gentiment: » bientôt il y aura un sentier, ce sera plus facile ». Merci jeunesse pour tes encouragements.
Ne me demandez pas en combien de temps je suis arrivée au sommet, là n’est pas l’essentiel. J’y suis arrivée.
Nous sommes les rois du monde. regarder, regarder, regarder. Écouter le silence, se laisser imprégner par la beauté des lieux, le vent, le soleil et le bonheur d’être là.
  Une sieste et nous avons encore le temps d’apprécier. Je regarde 2 femelles « bouquetin » et un petit de l’année lécher les pierres et se reposer, à quelques pas de moi seulement. Elles sont chez elles, je ne peux que les remercier de leur sociabilité. Un passereau d’altitude, peut-être un accenteur alpin, sautille de droite à gauche, de pierre en pierre à l’extrême bord de la falaise. Puis à ma grande surprise, je vois sans voir, j’entends un déplacement léger…et juste à côté de moi, derrière un gros caillou…une souris. Je n’en crois pas mes yeux. Un petit peu rondelette, qui pointe son nez et me regarde d’un air de me dire:  » que fais-tu là? » Dès que je bouge, elle se sauve, trop curieuse, elle revient…et le jeu dure. Des deux, c’est moi la plus heureuse. Elle me fait penser aux tout petits qui font « coucou » derrière leurs mains. Trop mignon. Pourvu que cette nuit, elle dorme, je n’aimerais pas la voir courir sur mon duvet.
     Il est 18h  passée et  » il y a encore des gens qui montent ». « Peut-être viennent t-ils dormir?  » . Trois personnes, deux adultes, c’est certain, mais le troisième ??? j’hésite, un chien ? un enfant ? Mon hésitation ne dure pas. 15 minutes plus tard arrivent un monsieur, un Tomte et une dame. Un Tomte de six ans. Quelle vitalité, quelle verve, quelle joie de vivre et d’être au sommet. C’est beau la jeune jeunesse. Un gypaète plane, majestueux, au dessus de nous, le Tomte nous dit:  » un drone »…  » il est bien de son époque ». Christian explique les différents sommets et il est temps pour le Tomte et ses parents de prendre le chemin du retour et pour nous notre repas du soir, de préparer nos duvets et d’attendre le coucher du soleil. 20h…il descend mais il est encore haut, 21h30 il est de plus en plus orangé, mais il n’est pas encore couché…  22h, il se couche derrière des nuages ? une montagne ? lui seul sait. Nous, nous rentrons dans nos duvets.
 Au réveil vers 5h, nous nous disons que nous avons relativement bien dormi…par à-coups, en compagnie d’un vent glacial et violent mais avec au dessus de nous un ciel étoilé. Splendeur, magie. Nous avons le temps de ranger nos affaires- pour moi en vrac- avant de nous installer pour le lever incertain du soleil. Les nuages sont là nombreux, noirs; le vent et le froid sont encore de la partie. Je doute… » attendons encore » me dit Christian.
Il avait raison. Quel bonheur de voir le ciel rosir à gauche du Sirac, quelques minutes plus tard c’est à droite du Sirac que le ciel devient rose et que le soleil commence à se lever. Se lever, se lever, c’est un bien grand mot. Plutôt se faire un chemin entre 2 épaisseurs de nuages dont une bien, bien noire. Entre les deux, un fin espace de liberté qui permet au soleil de nous émerveiller. Il sort doucement de la première masse de nuages , traverse cet espace de liberté et se couche aussi vite derrière les gros nuages noirs. Que c’est beau. Lever/Coucher du « roi soleil ». Paresseux mais généreux dans la féerie des couleurs données au ciel et aux montagnes. Que tes oeuvres sont belles!
 Il est 6h, nous mettons nos sacs, l’accenteur alpin vient nous dire au revoir. Je descends par le sentier pendant que Christian caracole sur les crêtes. Il me rejoindra et m’ouvrira le chemin dans la pierraille. Nous sommes maintenant au niveau des prairies et retrouvons les bouquetins. un, puis deux puis une nurserie et encore et encore. Une pause fruits secs et c’est le retour à la cabane des parisiens.
Là, Christian me propose un A/R au lac de Malcros que nous avons aperçu depuis le vieux Chaillol et que Christian a connu avec son glacier dans les années 1966/67. C’est après avoir longé les ouvrages d’art, traversé un névé que le lac nous offre toute sa fraîche splendeur.
La descente définitive, sur proposition de Christian, se fait en longeant le tracé du canal ( en PJ un historique du canal de Mal Cros) jusqu’au col de la Pisse par un temps toujours ensoleillé et venté. Puis nous retrouvons le sentier de l’aller. La boucle est bouclée. S’asseoir dans la voiture que c’est bon !
Sentiers05, merci,  vous m’avez permis d’avoir 20 ans et des souvenirs plein la tête.
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Danièle M.

Une première pour Sentier05 : un partenariat amical avec l’association Alpes Regards05  (site www.alpesregards05.org)

Et pas le moindre des challenges pour cette première randonnée commune : l’ascension du Vieux Chaillol 3163 mètres !

La rencontre a lieu au col des Côte longue, AR05 venant du refuge du Tourrond, Sentiers05 de Chaillol par le col de la Pisse.

Après les présentations nous avançons tranquillement vers la cabane des Parisiens, recouverte de larges dalles de grès c’est une petite merveille d’architecture de la main des hommes.

Le programme est d’unir nos efforts, mal et non-voyants et voyants pour monter au sommet, prendre un peu de repos et redescendre pour le pique-nique à la cabane afin de retrouver les autres membres des deux associations.  Nous nous délestons d’un peu du poids des sacs afin de monter plus légers ! A nous Vieux Chaillol !!

Sylvie et Michel, tous deux non-voyants sont pris en charge par leur guide respectif, les grelots tintent joyeusement, Christian entraîne Françoise dans ses pas. Et nous voilà dans la caillasse pure et dure pour environ 450 mètres de dénivelé. Il faut essayer de suivre les cairns en prenant au plus simple, et ce n’est pas si simple…

1h30 plus tard, nous sommes tous au sommets, heureux, fiers, plein de merveilleuses sensations, les différences n’existent plus. Et la récompense est là, un panorama exceptionnel à 360 degrés s’offre à nous. Une petite audio-description s’impose pour Sylvie et Michel. la Meije et son doigt de Dieu, la Barre des Ecrins, Ailefroide, l’Olan, la vallée du Champsaur, Bure, l’Obiou…quel bonheur, quel privilège de pouvoir voir nos belles montagnes.

Une photo de groupe immortalise ce moment de bonheur inoubliable.

La descente à la Cabane des Parisiens se fait comme à l’aller, en sortant souvent de l’itinéraire ! Un bouquetin, peu farouche, se laisse approcher, il nous toise d’un regard indifférent !

Regroupement pour le pique-nique. Christiane et Chantal de Sentiers05 et les copains copines de AR05 ont fait connaissance. Le gâteau au chocolat de Chantal fait l’unanimité !

Puis il faut se séparer. Christian et Chantal partent à l’assaut du Vieux Chaillol pour une nuit de bivouac à la belle étoile, coucher et lever de soleil sur ces montagnes majestueuses. Christiane et Serge redescendent à Chaillol. Le groupe AR05 redescend aux Fermonts leur point de départ de la veille.

Bravo et merci à chacun et chacune pour cette merveilleuse journée d’amitié. Et pourquoi pas… à bientôt pour de nouvelles aventures ensemble.

Danièle M.

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   PJ:   En 1853 le glacier de Malcros est un glacier à gros débit. Un décret impérial autorise la construction d’un canal. En 1873 le syndicat « des arrosants » commence cet ouvrage remarquable de 61 km. Quelle audace! Il est constitué d’aqueducs couverts par endroits, de murs en pierres de taille, d’une galerie voutée et de portions entrecoupées, quand cela s’y prêtait, par les ravins et les torrents naturels de la montagne. En 1750 un bassin de répartition est construit alimentant une rigole maîtresse qui achemine l’eau vers st Michel de Chaillol, St Julien, st Bonnet d’un côté et Buissard, Bénévent et Charbillac de l’autre ( cette seconde partie n’a jamais été terminée) par le col du Riou Bayrou, les pentes du Vaccivier et le col de la Pisse.
       Le canal fonctionnera tant bien que mal jusqu’en 1905. L’érosion, la rudesse des travaux en altitude rendent son entretien extrêmement difficile. Après 1906, de gros travaux sont régulièrement effectués, mais ce travail colossale ainsi que les conditions de vie ( émigration en Californie, guerre de 14/18) découragent les hommes. Le canal est abandonné en 1923.
      En 2004 création de l’association de Malcros qui entretient et rénove le canal et passe de bons moments entre amis.