le Pic de Charajaille

Ce jeudi 9 juin, il faisait déjà un peu frisquet mais nous partîmes dans la bonne humeur coutumière, et avec la même ardeur , Corinne, Marie,  Michelle, Chantal H, Marie, Christianne,Bernadette, Danielle, Marie-thé, Juju, Serge et Christian avec François, un nouveau, et moi,  en direction du Pic de Charajaille.

Peu avant le départ, certains d’entre nous eurent la chance de voir un jeune chamois bondir devant nous et disparaître aussitôt.

Sur recommandation de Christian, dociles et convaincus, nous portions des sacs gonflés de moult litres d’eau, et si nous en avions trouvé, de l’eau en poudre, je crois bien que nous nous en serions mis plein les poches !!
 Nous ignorions tous bien sûr que nous croiserions à notre retour la Source de La Doux, fraîche et pure, jaillissant d’un glacier souterrain situé sous la Montagne du Pic de Charajaille. Un vrai miracle pour randonneurs !
Mais il est vrai qu’en montagne, on n’est jamais assez prévoyant…

La preuve en est, qu’après être passés devant la jolie chapelle Saint Jacques accolée à son petit cimetière, engageant de soleil et de fleurs,  nous randonnâmes, heureux et confiants, sur un chemin raisonnablement caillouteux, qui menait en douceur au Col des Flocardes.

En l’absence de panneau « Pic de Charajaille », Christian, après un moment d’hésitation, nous indiqua une piste forestière que nous prîmes innocemment d’un pied alerte.

Ce fut pour certains un vrai parcours du combattant, ardu, âpre, impitoyable, une vraie bavante, sur laquelle notre groupe s’égrena, chacun suivant la force de son souffle, de ses mollets et son endurance !

Les arbres nous coupaient toute vue et seules quelques ravissantes gentianes de Koch égayaient de leur lumière bleue ce tapis de feuilles grassement mouillées par une pluie nocturne.
Mistral et Tramontane s’engouffraient dans ce couloir humide et sans escale et obligèrent les plus frileux à sortir dare-dare du sac gore-tex, bonnets, foulards et gants.
Seule, Chantal H, notre randonneuse qui, comme l’espion «venait du froid», arriva au sommet dans son éternelle chemisette blanche sans manifester le moindre frisson !
 Une croix de bois, solidement arrimée au sommet, nous tendit pour tout réconfort ses bras raides sous un ciel d’ardoise mais vues les conditions atmosphériques imprévisibles, nous progressâmes sur la crête à la recherche d’un endroit plus accueillant après avoir pris le temps d’admirer une vue superbe.
Dans ce froid « polaire », je m’attendais à rencontrer quelque renne égaré broutant à pleines dents le lichen qui « lèprait » troncs et branches de mélèzes désabusés.
 Grâce à Juju, son inséparable appareil photo et sa connaissance pointue de la flore alpine, nous pûmes admirer entre autres, des pyroles, fleurs des bois et zones fraîches, rares. Et dont les corolles rondes et blanches attendaient un rayon de soleil pour offrir leur pistil.
 La descente fut nettement plus variée et agréable, nous prîmes un chemin de gypse zigzaguant sous le soleil enfin réapparu et découvrîmes plus loin une clairière accueillante agrémentée de quelques marguerites où nous pûmes enfin nous restaurer.
François offrît des cerises, galettes et tablettes de chocolat circulèrent comme à l’accoutumée…
 Nos voitures nous attendaient et c’est dans leur chaleur réconfortante que nous nous quittâmes, bons amis, prêts à reprendre de nouveaux chemins moins «agressifs» au goût de certains.
Christian, par gentillesse, avait apporté quelques paniers en osier de sa confection, et j’ai eu la joie d’y trouver mon bonheur.
François offrît une bière bien fraîche à Bernadette, Patricia et moi sur la terrasse ensoleillée de sa charmante maison de Veynes, toute récemment acquise.
Texte : Annie K.  Photos : Annie, Christian, Juliette