La rando douce ça laisse le temps à l’esprit de divaguer, au regard de s’accrocher aux paysages ou d’explorer la flore et parfois la faune comme savent si bien le faire Roselyne et Élisabeth. Peu de flore avec ces frimas mais des traces qui nous intriguent. Pattes de renard, empreintes de souris, traces de loup, sabots de cervidés ? Christiane et Christian nous éclairent au fur et à mesure de nos découvertes.
Eh oui, la neige est tombée dans le Champsaur et le tracé des chemins connus a disparu sous le blanc manteau.
Les arbres ont quasiment perdu tous leurs feuilles et celles qui jonchent le chemin ont cette raideur cadavérique si caractéristique de la fin de vie. Oui l’hiver est là avec ses températures qui nous obligent à cumuler les couches de vêtements, à pratiquer des mouvements d’échauffement avant de démarrer notre marche et à évoquer le vin chaud ou le jus de pommes de claies dont Chantal H a le secret et la recette.
Nous voici une dizaine de randonneurs arrivés à St Firmin…Saint Firmin, ce n’est pas un saint dont le nom ni les attributs me sont familiers..
Regardons l’hagiographie pour en savoir plus :
Il est évêque d Amiens et martyr des Romains. Ses reliques sont conservées dans cette ville.
La figure de saint Firmin représente un idéal de cohérence et d’amour de la foi vécu à une époque de grand danger. Son existence, marquée par la détermination et le courage, reste une source d’inspiration pour tous ceux qui se reconnaissent dans le message chrétien.
Pour aller aux Brasques, il faut emprunter un petit sentier à la sortie du hameau des Hauts de St Firmin qui s élève doucement pour atteindre les alpages. Là on quitte le chemin pour grimper dans la pente. Pas ce que je préfère mais faut suivre Gérard qui guide le groupe ! J’aime son pas lent qui me permet de me caler à son rythme et de ne pas être essoufflée après quelques mètres de dénivelé. La montée se fait en zig-zag et Christian explique que chacun fait sa trace. Je trouve plus confortable de me mettre dans les traces des uns ou des autres. Les chaussures s’enfoncent d une dizaine de centimètres dans cette partie. Mais qu il est agréable d’écouter le crissement de la neige à chaque pas, de regarder les montagnes tout autour de nous et dont les sommets blanchis contrastent avec les roches nues. Je pense aux magnifiques encres de Jean-Charles EDEL qui peint la montagne avec tant de force et de réalisme. J’aime aussi le silence particulier qui nous assourdit lorsque la neige est tombée et qui nous invite au silence, à l’émerveillement voire au recueillement…Je pense aux alpinistes, aux secouristes de haute montagne etc…mon esprit vaque et divague.
On surplombe la cabane de l’arrivée du téléski qui est devenue un vestige de cette époque où l’on pratiquait le ski alpin en famille loin des « grandes » stations. Voici ce que j’ai trouvé à ce propos :
Le téléski du « Col des Vachers » a été construit par l’entreprise Pomagalski en 1963 (210m de dénivelé pour 660m de long). Situé entre le hameau de l’Esparcelet et le col du même nom, il desservait jusqu’en 2005 une piste bleue et 2 pistes rouges. La gare aval était équipée d’un moteur Ford positionné au sol et relié à la poulie motrice via un arbre d’entraînement. Un Grand Prix réputé était régulièrement organisé sur l’une des pistes. On trouvait également durant un temps un petit fil neige Schippers dans le champ voisin, mise en place en 1978. Le téléski était principalement utilisé par les habitants de la commune qui démarraient eux-mêmes l’installation.
La commune de St Firmin est longtemps restée dans l’impasse par rapport à son téléski. Impossible de le remettre en service car l’enneigement de la piste, exposée plein sud, est devenu trop aléatoire et la commune n’a pas les moyens financiers d’embaucher perchman et un pisteur-secouriste pour se conformer à la réglementation. Mais la population de ce village du Valgaudemar reste encore très attachée à l’installation, rendant son démantèlement compliqué.
En début d’année 2019, l’association Valgo’évènements organisait une descente au flambeau sur l’ancienne piste … descente à pied qui a rassemblé pas moins de 200 nostalgiques et se poursuit chaque année depuis.
Le démantèlement du téléski a finalement débuté à l’automne 2020 par une première opération de sécurisation, menée par l’association Mountain Wilderness (retrait du câble) puis s’est poursuivi le 6 octobre 2022 avec la mise à terre des 6 pylônes. Huit tonnes d’acier ont ainsi été récupérées par un ferrailleur local.
Et l’on poursuit notre chemin sur une ligne de crête où l’on s’enfonce dans 40cm de poudreuse. Certains ont entamé une partie de boules de neige. On dirait des collégiens à la tombée des premiers flocons…
Après le pique-nique, il faut se remettre en route et faire le chemin du retour en descente.
Ah quelle belle journée que celle qui s’achève.
Chacun rêve de son thé ou de son vin bien chaud…C’est selon.
Merci aux chauffeurs, aux accompagnateurs et à nos guides du jour.
Texte : Joëlle Photos : Christian, Jean Luc, Joëlle et Stéphane