1er, 2 mai 2024 le Tourond ou symphonie pastorale.
Le ciel est couvert avec quelques éclaircies, il restera incertain toute la journée, sans pluie.
Chaussés, sac sur le dos, nous sommes prêts ; Candice aussi avec « ses chaussures de rando à semelles de vent…qui vont la faire voler » nous dit-elle. J’ose la croire.
Nous prenons le sentier rive G. Il monte régulièrement à travers quelques maigres forêts, surplombe le torrent alimenté par la cascade de la Pisse et la fonte des neiges, quand il n’est pas entièrement dévasté, englouti par les fortes pluies de l’automne.
Combien de pierres déplacées ? combien de coups de pelle et de pioche ? combien d’heures passées à remodeler le sentier pour mettre les randonneurs hors de danger ? « chapeau bas ».
La pause « fruits secs » se fait dans la caillasse du torrent. Il nous faut le re-traverser pour prendre la dernière petite grimpette nous conduisant au refuge où nous sommes accueillis par Roselyne et Patrick qui terminent leur pique-nique avant de redescendre.
La pause fruits secs se fait dans la caillasse du torrent. Il nous faut le re-traverser pour prendre la dernière petite grimpette nous conduisant au refuge où nous sommes accueillis par Roselyne et Patrick qui terminent leur pique-nique avant de redescendre.
Pour nous c’est aussi l’heure du repas, bien à l’abri du vent contre le refuge. De mémoire, j’annonce une forte montée en lacets serrés, suivie de lacets plus amples mais toujours en montée, puis une montée douce en plateau jusqu’à la cabane du Jas des Pierres…où les bouquetin nous attendent. Se méfier de sa mémoire, le plateau était dans mon imaginaire… le cahier des doléances s’est vite ouvert! » À Sentiers05, interdit de monter après le repas… et ton faux plat, il est où ton faux plat ? » J’entends et souris. Tout cela est « bon enfant »
Des taches de toutes les couleurs comme celles sur la palette des impressionnistes… Morisot, Renoir, Degas ? la nature s’offre à nous, crocus, gagées, gentianes, hellébores fétides, mélèzes et feuillus, prés, juste sortis de l’hiver, bouquetins.
« Le grondement des torrents, les chemins emportés, les éboulement des rochers dévalant des pentes abruptes… la montagne bouge, la montagne grogne et se révolte contre l’inconséquence humaine… » Derborence ! (roman de Charles Ferdinand Ramuz publié en 1934 inspiré de l’éboulement des Diablerets en 1714).
« Nous nous imprégnons de sa beauté, de sa force, de son calme. Le grondement des torrents, les chemins emportés, les éboulement des rochers dévalant des pentes abruptes… la montagne bouge, la montagne grogne et se révolte contre l’inconséquence humaine… « Derborence ! Nous nous imprégnons de sa beauté, de sa force, de son calme.
À la bergerie pas de bouquetin ( c’est dommage, mais c’est pas grave, nous les avons déjà observés à la montée et espérons bien les revoir), quelques névés, un tapis de crottes… l’objectif est atteint. Une partie de boules de neige avec Candice, quelques fruits secs, des photos et nous repartons.
Nous avons le temps et nous le prenons, les bouquetins sont au rendez-vous.
Ils sont là, une harde paissant paisiblement au soleil. Des gros mâles, des plus jeunes, une étagne et son cabri. Absolument pas craintifs, à quelques mètres de nous. Nous sommes émerveillés et eux peut-être étonnés ? Lentement, en groupe, ils continuent leur descente, peut-être vers le torrent?
Plus bas, juste au dessus du refuge, ils sont trois, installés sur un énorme rocher. Deux sont couchés, le troisième est debout…princier ! Pieds sûrs, port de tête altier, cornes découpées sur le ciel, barbichette au vent, il regarde ; nous, nous admirons. Pas de doute, ils seront au refuge avant nous, sautant de pierre en pierre comme des équilibristes.
Heureux, nous nous laissons guider par Sylvain, un des gardiens. Nous nous installons et retournons sur la terrasse du refuge pour nous réchauffer aux derniers rayons du soleil ; la fraîcheur nous pousse à rentrer. Nous avons à peine le temps de faire une partie de cartes ou de dominos que Sylvain nous appelle, il est 18h, c’est l’heure des bouquetins au pied du refuge. Six gros mâles. Deux frottant leurs cornes avec vigueur sur des buissons, d’autres se grattant le flan de leurs cornes courbées comme des sabres et un qui nous regarde…tranquille. Calmement, ils quittent le refuge et disparaissent derrière un pan de montagne.
Quelle journée!
Un excellent repas, quelques tours de magie pour le plus grand bonheur de Candice et des autres, il est temps de se coucher.
3h du matin, une pluie battante rebondit sur le toit. Veut-elle rivaliser avec l’ouverture du « vaisseau fantôme » de Wagner ? Si oui, tant mieux, le calme sera bientôt de retour. La pluie diminue, s’arrête. Il ne reste plus que le bruit sourd du torrent et la toccata des ronflements !
Après un petit déjeuner accompagné de jus de myrtille, le retour aux voitures se fait sous un ciel bas et un peu de pluie.
Des Fermonds au refuge du Tourond dénivelé 323m.
Du refuge à la bergerie du Jas des Pierres 327m.
Texte et photos Chantal H. et photos Mireille S.