Mardi 23 juillet Vallon du Fournel.
Départ matinal pour marcher dans la fraîcheur à la découverte du « bleu »…celui des chardons de la réserve biologique des Deslioures.
La forêt nous offre une multitude de fleurs, lys martagon, grandes astrances rivalisant avec les plus belles pièces de joaillerie et tant d’autres…sans oublier les 3 rangs de perles délicatement posés sur quelques feuilles. Trésors de la nature.
Il nous faut passer deux clairières, quelques Talwegs à sec ou en eau, ce qui me donne le temps de laisser errer mon esprit.
« Bleu »…quand je pense « bleu », me vient une palette de peintre ; celle de Van Gogh, de Matisse, de Picasso, d’Yves Klein… du bleu cobalt jusqu’à l’IKB plus bleu que bleu, en passant par le bleu azur, l’outre-mer, l’indigo, le bleu turquoise ou le bleu lavande. Tous ces bleus reflétant, au delà de la couleur les états d’âme de l’être humain.
Van Gogh écrivait à son frère: » Je suis fou de ces 2 couleurs, le cobalt et le carmin…le cobalt est une couleur divine et rien n’est plus beau pour mettre une atmosphère autour des choses ». La période bleue de Picasso coïncidait avec une descente dans une profonde mélancolie. Quant à Daniel Arasse, historien d’art, il dit » être bouleversé de la tonalité de bleu » de Matisse, pour qui « cette couleur est associée à des sentiments que l’on voudrait éternels, tout comme le ciel et la mer nous paraissent immuables ». Pour Yves Klein « le bleu est la couleur de l’imagination et possède une dimension sacrée, celle d’ouvrir sur le monde invisible des idées et de la spiritualité. »
Les premiers charbons bleus sont là, le long du chemin; il est temps de laisser les peintres au mélange subtil de leurs émotions et de leurs pensées pour nous laisser envoûter par la majesté de cette ombellifère. À elle seule c’est un champ chromatique de « bleu » allant du bleu gris pastel jusqu’au violet foncé, sans aller jusqu’au rouge. MERVEILLE. Nous longeons la réserve… nos regards ne savent plus où se tourner. Nous sommes éblouies, charmées, fascinées, enchantées. D’autres fleurs se mêlent aux charbons bleus, leurs cousines les ombellifères, au même titre que le grande astrance, mais aussi des gentianes jaunes et les fleurs roses de l’églantier.
Et j’en reviens à Yves Klein qui après avoir découvert la mythique « croix rose », travaille ses monochromes bleus et expérimente ensuite l’or à travers le feu, d’où l’impressionnant triptyque bleu- rose- or emprunt de sacré.
Qui de Klein ou de la nature se copie ? quand nous croyons que nos états d’âme sont le cœur battant de notre lien au monde, personne ne copie personne, nous sommes simplement en harmonie.