Canal de Malcros, Cabane de Barbeyroux

Jeudi 10 novembre. Cette randonnée proposée par Chantal Sicard me fit quitter dès l’aube la douceur savinoise pour rejoindre , de virages en virages, puis de parking en parking, un petit groupe frileux de Sentier05, composé de Corinne, Danièle, Françoise, Christian (un nouveau), et bien sûr Chantal qui m’attendaient à la station de Chaillol, notre point de départ.

La station était enveloppée d’un brouillard fumeux, humide et froid : Champsaur oblige.

Après une petite grimpette, nous longeâmes longtemps un sentier étroit, bordé par le canal de Malcros, commencé au XXVIII ième siècle pour pallier au manque d’eau qui menaçait les hommes et les cultures de la vallée.

Il ne reste que quelques vestiges émouvants de cette entreprise titanesque, témoignage magnifique de la solidarité d’antan.

L’eau n’y coulera plus, le glacier à l’origine de ce projet ayant depuis longtemps disparu, mais sa mémoire perdure grâce à l’association Malcros 2018 qui restaure certaines parties du canal.

Les mélèzes avaient, de leurs aiguilles délicates, tricoté un tapis couleur de miel, qui faisait saillir leurs racines telles de puissantes veines.

Dans ce brouillard opaque, le vert des résineux luisait de mille perles d’eau. De temps en temps, les arbres enrhumés laissaient tomber une lourde goutte d’eau froide.

Parfois un arbousier nous distillait la saveur acide et délicate de leurs fruits fragiles, puis un sorbier des oiseleurs éclaboussait de rouge les nombreux arbres dénudés. Des arbres morts, spectraux, tendaient leurs maigres bras vers le ciel, comme pour quémander une nouvelle vie.

Quant au lac de Barbeyroux, engoncé en contrebas, nous ne pûmes le voir.

C’est dans cette ambiance fantasmagorique que nous trouvâmes pour nous restaurer une immense cabane ouverte à tous vents mais équipée d’une salutaire cheminée et d’une table confortable.

Christian, le seul homme à bord, tel une vestale, se chargea aimablement de faire du feu. Et rapidement, une flamme timide puis radieuse et dansante, réchauffa nos mains, nos joues, le traditionnel apéritif offert par Chantal se chargeant lui, de réchauffer nos estomacs. Françoise squattait sans vergogne le maigre banc de l’âtre…

Nos repas furent vite avalés, et à ma grande surprise, mes compagnons firent honneur à mon gâteau au chocolat, recette innovante sans levure.

Et nous repartîmes vers nos voitures par le même sentier.

En passant nous aperçûmes la ferme de la Coquette qui, visiblement pour garder sa réputation, avait fait peau neuve.

Parfois, devant nos yeux émerveillés, un soleil voilé transperçait le brouillard. On eût dit que ses rayons en éventail, délicats, impalpables, bénissaient la Nature et illuminaient le sol que nous foulions. Puis sous un ciel enfin bleu, nous pûmes admirer une forêt revivifiée, toute de vert pâle, de jaune et d’ocre, où les mélèzes dressaient, altiers, leurs sombres troncs.

Toujours et toujours, en tout temps et tout lieu, la Nature offre pour qui sait l’aimer, son festival magique.

Merci à Chantal, notre guide du jour, et merci aux copains pour cette belle balade, qui ressource une fois encore l’esprit et le corps. A bientôt…

Annie Kaufling (texte et photos)