Le Bec de l’Aigle

Randonnée du Bec de l’Aigle, 11 participants , 850 m de dénivelé, 6 h de marche.

Ce jeudi 22 Septembre, à Chauffayer, lieu de RV, l’air était bien frisquet mais le ciel au dessus de nos têtes paraissait serein.

Nous partîmes donc répartis, comme d’habitude, dans un minimum de voitures : Christian, Christiane et leurs deux invités Serge et Alain en tête, suivis de Chantal H. Dominique et Danièle, Camille, Marité et Françoise et moi-même en dernier.

Malgré une nuit blanche et une petite forme morale et physique, j’étais ravie de retrouver les « copaing », comme on dit dans le Midi (à ce stade, le S n’est plus obligatoire !).  Décollage pour le Bec de l’Aigle, qui culmine à 2 815 m.

Les voitures parquées à L’Esparcelet, petit hameau du Valgaudemar à 1 325 m d’altitude, l’impressionnante Dominique une fois dépliée de la petite voiture verte de Danièle au frein à main symbolique, les indispensables petits assouplissements effectués (cf : Le Manuel du Parfait Randonneur, pages 5 à 7), nous démarrâmes sur une courte piste bétonnée jusqu’au torrent de Clément.

Là, surprise, deux adorables « cadichons » (merci, Madame la Comtesse de Ségur) nous observaient de leurs yeux humides et doux. Encore imprégnée de l’excellent film « Antoinette dans les Cévennes », drôle et touchant, où l’âne nommé Christian tenait la vedette, je les baptisai spontanément des « Christians ». Quelques rires parmi mes compagnons me firent comprendre qu’il y avait du quiproquo dans l’air. En toute honnêteté, je tiens ici à les détromper, j’avais l’esprit ailleurs.

Nous randonnâmes à la queue leu leu, de feuilles mortes en feuilles mortes, sur un sentier pentu, raide, pimenté de quelques rochers à escalader, bordé de broussailles, de pins et de trembles palpitants. « Un sentier de chasseurs », nous apprit Christian, bref, encore une bonne bavante qui nous laissait peu de répit pour souffler un peu ou papoter, comme nous les femmes bien sûr, aimons à le faire, quoique les messieurs ne s’en privent guère, ne leur déplaise…  Sortis de la forêt, l’automne qui installait peu à peu, de ci, de là, ses ocres, rouges et jaunes, contrastant avec le vert cru des pins nous laissa éblouis et oublieux de nos peines.

En contrebas, le doux vert des prairies toujours apaisant et le calme lointain d’un petit village. Plus nous montions, plus un brouillard impalpable, filandreux et froid nous devançait. De gros nuages capitonnés, cotonneux, fantasques, ne furent pas en reste, s’amoncelant en cabrioles, taquinant un soleil en filigrane, frileux et ne nous quittèrent plus. Le spectacle était éblouissant, magique, les montagnes se découpaient au lointain, des rochers se dressaient insolents, isolés, ciselés et abrupts.

Nous arrivâmes enfin sur un replat qui nous offrit une vue splendide sur l’Olan, tout barbu de nuages. Épuisée, je dus, malgré la sollicitude et les encouragements de mes compagnons renoncer à gravir l’ultime raidillon : plus de sentier, des cailloux, des buissons rugueux et du brouillard jusqu’au sommet invisible. Christiane se dévoua pour me tenir compagnie et nous nous blottîmes frileusement, emmitouflées de pied en cap contre un rocher vaguement protecteur.

Le retour de nos compagnons fut impressionnant : ils surgirent en étendard de l’épais brouillard telle une horde menaçante. Christiane se crut cow-girl attaquée par des indiens. La fatigue aidant, j’imaginai Attila, les Huns…et les autres ! Serge arriva en premier, élégant dans son gore-tex pomme verte, et si agile que nous l’imaginâmes en ski, virevoltant de bosse en bosse.

Tous rassemblés, nous choisîmes un coin de montagne miraculeusement ensoleillé pour manger. Chantal H. nous offrit pour dessert un délicieux cake maison à la châtaigne, et nous nous nous contentâmes de fantasmer sur la délicieuse tarte aux mirabelles qu’elle avait dégustée la veille !  Un couple de vautours nous régalait d’un ballet majestueux dans le silence du ciel.

Le retour fut long mais agréable malgré quelques endroits piégeux. Marité en fit l’expérience : un noisetier opportun, bien arrimé au bord du sentier, lui servit de rempart et de nombreuses mains la tirèrent sans bobos de ce mauvais pas.

Christian profita d’un replat pour nous prodiguer quelques conseils de son cru au sujet des chutes de pierres à la trajectoire imprévisible. Il fut évoqué à ce sujet la formule célèbre P=mgh…

De retour au parking, Serge nous offrit très gentiment à boire à la santé de ses 64 ans tout neufs.

Un grand merci à Christian pour cette randonnée hors des sentiers battus, un grand merci personnel à toi Christiane, compréhensive, bienveillante et discrète, à toi aussi Danièle si tu lis ces quelques mots…. Et un grand merci à toutes et tous pour votre bonne humeur, votre sourire et plus encore …

A bientôt j’espère.  Annie KauflingAnnie

Photos : Camille, Christian, Serge